Notre époque quelque peu troublée et les tourmentes où notre Profession s’est trouvée prise pourraient nous conduire à oublier ce qu’est un expert-comptable : teneur de livres, comptable, terminal déclaratif, conseil, voire confident du chef d’entreprise, quoi d’autre encore ?
Nous devons retrouver notre identité et le sens de l’engagement professionnel que nous avons pris en prêtant serment d’œuvrer avec Indépendance. C’est le sens profond de l’engagement au service de la Profession qui est celui de VISIONS D’EXPERTS, et le mien.
Nos multiples modes d’exercice ne nous permettent pas de l’envisager comme un seul bloc, mais dans la diversité de nos approches. Ce n’est qu’à cette condition que la Profession retrouvera aux yeux des Pouvoirs publics la place et le respect qu’elle mérite.
Le mouvement de diversification des modes d’exercice reposant sur le principe d’indépendance doit être poursuivi, tout en clarifiant le statut et le rôle des professionnels non libéraux et en s’appuyant sur les valeurs de l’exercice libéral.
Nous devons reconstruire cette relation avec nos interlocuteurs publics en affirmant cette indépendance et, corollairement, en rappelant notre rôle d’acteur central de la démocratie économique.
Depuis la création de l’Ordre, nous sommes sous la tutelle du ministre chargé de l’économie, fonction déléguée à l’administration fiscale. Nous observons depuis 15 ans que l’administration fiscale utilise sa fonction pour nous transformer en auxiliaires des administrations en nous faisant supporter des fonctions régaliennes qu’elle n’est plus en état d’assurer.
Tout cela en ignorant les principes qui fondent notre exercice : l’indépendance et le secret professionnel qui sont précisément les valeurs que promeut VISIONS D’EXPERTS.
Nous devons faire évoluer la tutelle et la supervision de notre profession. Notre quotidien embrasse un horizon large ; l’économie, l’artisanat, les TPE et PME, le travail, la formation, la justice et l’aménagement du territoire. Nous devons sortir de cette tutelle étroite, inquisitoire et ingrate. Au profit d’un accompagnement interministériel au niveau national et des préfets en région.
Sur nos valeurs, nous devons nous ouvrir à d’autres talents. Cela ne doit pas être fait au détriment de notre indépendance et du secret professionnel.
L’exercice illégal prolifère en quasi-impunité dans toutes les régions. Dans certaines, il y a plus d’illégaux que d’experts-comptables. Nous souhaitons un monopole rénové et repensé. Le monopole est la contrepartie de nos compétences reconnues, de l’existence de notre code de déontologie qui nous excepte du droit commun et justifie l’existence de l’Ordre. Enfin, un monopole qui protège le tissu économique, qui ne nous enferme pas, ni ne nous limite.
Notre époque n’a jamais autant valorisé l’entrepreneuriat, et pourtant certains voient dans l’exercice libéral un mode d’exercice devenu ringard ! Quel contresens sur notre rôle de terrain !
Défendre et réhabiliter notre exercice pluridimensionnel exige que nous activions encore davantage nos solidarités locales, par exemple en mutualisant nos ressources dans les territoires.
Tout ceci rendra son attractivité à la profession et fera revenir les jeunes à nous. La question lancinante du mémoire dans le cursus de formation depuis de nombreuses années doit dorénavant trouver une issue. Supprimons-le, revalorisons le cursus du DEC, et faisons du stage un moment plus riche d’apprentissage, d’efficacité et de valorisation personnelle !
Chers consœurs et confrères, l’immobilisme et la pensée unique caractérisant notre époque n’ont pas épargné notre profession brillant pourtant de ses multiples facettes d’exercice… Réagissons…